Corinne Mrejen, Directrice générale Goupe Les Echos Le Parisien

Comment analysez-vous la période que vous vivez, vous et votre entreprise ?

3 mots viennent à l’esprit :

C’est une période inédite. Nous avons en effet la chance d’appartenir à des générations qui n’avaient jamais vécu une telle situation de crise, personnelle ou professionnelle.

C’est aussi un avertissement qui va nous obliger à revoir en profondeur nos priorités et nos modèles.

Enfin, c’est une transition : on ignore ce que sera le monde d’après, à nous de l’inventer et de réunir les conditions pour qu’il soit pérenne.

 

Quelle bonne idée ou initiative avez-vous mis en oeuvre pour votre entreprise ?

Nous avons basculé en télétravail généralisé en un week-end, et appris à en faire une force plutôt qu’une contrainte : des « calls » fréquents, structurés et productifs, des groupes de travail transverses… même si les « micro-décisions » prises auparavant dans un couloir ou autour d’un café sont plus difficiles à appréhender.

Mais au-delà du business, maintenir le dialogue a été l’une de nos priorités, et nous avons créé de nouveaux outils d’information internes (une newsletter « Gardons le lien » au niveau du Groupe, un  « Fil info » régie sur nos actualités éditoriales, nos performances, les bonnes nouvelles…).

Nous sommes tout à fait conscients que le retour « à la normale » sera long, même si nous sommes impatients de retrouver des relations sociales et « physiques », et nous préparons un plan de déconfinement progressif qui tienne compte des contraintes sanitaires et de la situation de chacun (enfants, transports…).

Pour nos partenaires, nous sommes toujours restés joignables et souples. Et nous avons transformé très rapidement notre newsletter régie « On aime on partage » en « On s’entraide On partage » : une sélection d’articles de nos médias qui nous ont éclairés, aidés ou redonné le sourire (des conseils, des informations utiles, des témoignages de solidarité…), avec des retours très positifs. Aujourd’hui, nous réfléchissons avec eux sur les dispositifs de sortie de crise à mettre en place.

Enfin, évidemment, nous avons soutenu fondations et associations en offrant de l’espace (Campagne #Protège ton soignant, Fondation de France, Secours Catholique, SIG…).

 

Quel nouveau réflexe garderez-vous «  après »  ? 

De façon pragmatique, gardon les réflexes d’efficacité : formats courts, respect des horaires…

Mais surtout capitalisons sur le savoir-être, la bienveillance et la tolérance. Les calls nous obligent à nous écouter davantage, à ne pas nous interrompre, à être attentif à la parole de l’autre…

Enfin, cette crise a bousculé nos convictions et nos modes d’action. Elle nous contraint à re-hiérarchiser nos priorités et à accepter l’incertitude. Elle nous pousse aussi à plus d’audace et d’agilité : il a fallu parer aux urgences, réinventer nos modes de communication et nos dispositifs, dans des délais très courts.

Elle nous prouve, surtout, qu’ensemble on est plus forts.

 

Comment, d’ailleurs, pensez-vous que sera le monde « d’après » ? »

Dire comment sera le monde d’après serait présomptueux.

En revanche je peux émettre le vœu qu’il soit plus responsable, plus engagé, et plus durable. C’est l’affaire de tous, citoyens, entreprises et institutions.

Chacun devra apporter sa contribution, car notre avenir se construira de manière collective.