Véronique Pican, Country Manager France, Smart Adserver

Comment analysez-vous la période que vous vivez, vous et votre entreprise ? 

Face à l’inédit de la situation, à l’excès d’informations (experts, politiques, scientifiques, réseaux sociaux, médias), à la confusion (confinement ou déconfinement, réouverture des écoles ou pas, forecast et reforecast) il me semble que cette crise sanitaire impose à chacun, mais aussi à l’entreprise, une valeur essentielle : l’humilité. Ce qui se traduit par accepter les questionnements, apprendre à gérer l’incertitude et communiquer de manière simple, transparente au bon rythme en direction de ses salariés mais aussi de ses clients.

 

Quelle bonne idée ou initiative avez-vous mis en œuvre pour votre entreprise ? 

Pour Smart, le télétravail et la continuité du service ne sont pas des enjeux majeurs dans la mesure où c’était une pratique instaurée de longue date. En revanche la crise a plutôt exacerbé la créativité collective et surtout le pouvoir de l’exécution ! Dans cette période complexe, avoir des idées (simples, bonnes ou moins bonnes) c’est bien, mais c’est surtout mieux de les rendre possibles quelles que soient les contraintes techniques, opérationnelles, idéologiques. 

Ce foisonnement s’est manifesté de manière très concrète avec des initiatives comme :

  • La tenue de nos délais de règlement pour préserver les revenus des éditeurs. 
  • La mobilisation de nos salariés et de nos clients à travers l’opération “Tous unis contre le virus”. Nous proposons à tous nos éditeurs de programmer les créations de la campagne solidaire sur leurs espaces publicitaires invendus – sans frais d’adserving. J’en profite d’ailleurs pour remercier tous ceux qui nous accompagnent dans cette initiative. Vive le collectif !
  • L’usage du ciblage sémantique contextuel permettant d’exclure des contenus traitant du covid. Mais attention, avec pertinence, car nous sommes conscients des abus que le digital peut entraîner grâce à une sur-sophistication technologique ; en effet nous ne sommes pas toujours alignés avec les politiques restrictives dites de « brand safety » mises en place par les annonceurs ou acheteurs surtout quand les audiences sont au rendez-vous.

 

Quel nouveau réflexe  garderez-vous « après » ? 

Sans aucune hésitation, les apéros virtuels, beaucoup moins contraignants en termes de transports et de choix de restos ! Non c’est une blague, c’est mieux dans la vraie vie… Pas de débat, on ne choisit pas entre lien social virtuel ou réel, on opte pour les deux.

Je pense que dans notre contexte international, cette crise nous aura finalement permis d’accélérer notre processus de “globalisation”. Le confinement a gommé les frontières géographiques et les sentiments de disparités qu’il pouvait parfois y avoir entre notre siège social à Paris et nos autres bureaux à travers le monde. J’ai désormais davantage le sentiment d’être « ensemble » avec tout le monde.

Une autre tendance qui me paraît être durablement intéressante, c’est l’accès à la formation et à la connaissance, à distance. Les webinars et les cours en ligne permettent paradoxalement une interactivité parfois supérieure à celle “dans la vie réelle”. Une réinvention de l’activité événementielle dont il faut aussi saluer la réussite.

Comment, d’ailleurs, pensez-vous que sera le monde « d’après » ?

Plutôt que de parler de l’avant et de l’après, il y a indéniablement quelques tendances qui ont été mises à jour et que j’aimerai voir évoluer durablement. 

Bien sûr plus de local, le rôle fondamental des médias, des marques responsables capables d’adapter avec agilité leurs messages, des pratiques plus responsables et durables. Mais évitons les paradoxes très français et surtout dans notre écosystème qui “revendique” beaucoup au nom de la démocratie :

  • On a besoin de la publicité pour servir l’intérêt général, les médias et l’information, mais aussi pour aider les marques à se faire connaître et vendre.
  • Le digital ne s’oppose pas systématiquement à “humain” : il y a des pratiques responsables qui permettent de garder son indépendance. Les consommateurs seront de plus en plus sensibles à la différence entre le déclaratif et la pratique.

Et, plus que jamais, l’envie de se voir dans la vraie vie !